Qui es-tu ? Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Laura Genevois, j’ai 37 ans et je suis la fondatrice de Mon Job de Sens. Après plusieurs années à Paris, je suis retournée vivre dans le Sud avec ma famille. Depuis 2004, je suis engagée pour la transition écologique et solidaire, que ce soit dans ma vie professionnelle ou personnelle.
Quelle est ton activité ? En quoi consiste-t-elle ?
En 2017, j’ai créé Mon Job de Sens pour accompagner les personnes dans leur quête d’un métier qui a du sens pour elles et pour les autres. Avec l’équipe de coachs professionnels qui m’ont rejoint dans l’aventure, notre mission est de révéler le potentiel de ceux qui veulent changer le monde sur leurs heures de travail. On propose notamment un bilan de compétences engagé et enrichi pour amorcer une transition professionnelle écologique.
Quel a été ton parcours ?
Au début des années 2000, j’ai commencé par les langues étrangères à la fac puis une école de commerce avant de devenir Responsable du Développement Durable dans la grande distribution. Une expérience très riche qui m’a montré qu’il y avait différents moyens d’avoir de l’impact … et que responsable RSE n’était pas fait pour moi (haha) ! Trop de compromis face à l’urgence écologique pour respecter le modèle économique de l’entreprise…
Puis j’ai voulu poursuivre mon engagement en rejoignant Zero Waste France, où j’ai notamment accompagné des entrepreneurs Zéro Déchet sur des questions comme le vrac, les emballages consignés, les biodéchets, etc. J’ai aussi co-fondé Réseau VRAC, une association qui réunit les professionnels de la vente en vrac.
Et en 2017, en voyant le nombre de personnes souhaitant s’engager professionnellement dans la transition écologique sans savoir comment s’orienter, je me suis lancée dans l’entrepreneuriat en créant Mon Job de Sens, et aider ces personnes en quête de sens à trouver la voie dans laquelle se sentir utiles et épanouies.
Quel a été ton déclic écolo?
C’était l’hiver 2004, j’étais étudiante et j’habitais un studio à Paris.
La magie de la fac c’est que devons faire nous même les recherches pour décrypter les sujets. Un soir, après avoir regardé un épisode de Friends, j’ai repris mes explorations sur internet pour un cours.
De clic en clic, je prenais conscience de la question climatique. Ma vie a basculé. Tout ce que je considérais comme acquis jusque là : construire un avenir, avoir des enfants, vivre en paix et idéalement assez vieille… était remis en question.
Je comprenais que le monde était divisé en deux catégories : ceux qui avaient identifié le problème (majoritairement des scientifiques) et les autres. Et moi au milieu de tout ça j’étais en train de changer de camp.
J’ai décidé que je consacrerais ma vie professionnelle à oeuvrer pour l’urgence environnementale. Et que je ferai de mon mieux dans ma vie perso pour limiter mon empreinte écologique.
Comment es-tu devenue une entrepreneure responsable et engagée ?
Tout au long de mon parcours, et en particulier quand j’accompagnais les porteurs de projet chez Zero Waste France, j’ai rencontré des dizaines de personnes sensibles aux enjeux sociétaux mais qui ne savaient pas ce qu’elles pouvaient faire, alors qu’elles avaient travaillé dans la banque, l’agro-alimentaire ou le BTP toute leur carrière.
Elles se posaient plein de questions, ne se trouvaient pas légitimes, se sentaient incomprises… Et on me demandait des conseils sur où et comment s’orienter dans ce domaine. J’ai pris 1, puis 5, puis 50 cafés avec des personnes dans ce cas-là. Et c’est à ce moment que j’ai décidé d’en faire mon métier justement. C’est comme cela qu’est né Mon Job de Sens et ça fait 5 ans que ça dure, avec près de 450 personnes accompagnées !
Quelle est ta manière à toi d’être engagée ? Quelles sont les bonnes pratiques que tu as mises en place ?
J’adore la citation d’Albert Schweitzer : “L’exemplarité n’est pas une façon d’influencer les autres. C’est la seule.” En tant qu’entreprise sociale, notre mission prime sur la profitabilité. Nous sommes indépendants financièrement et nous choisissons les partenaires et les entreprises avec lesquels on travaille. C’est primordial pour nous d’aligner nos actes avec nos valeurs.
Nous cherchons aussi à aider le plus grand nombre de personnes, car plus il y aura d’acteurs du changement, plus le monde ira dans le bon sens ! C’est pour cela que nous proposons diverses possibilités de financement de notre bilan de compétences et que nous rendons de nombreuses ressources accessibles gratuitement : webconférences thématiques sur les secteurs de la transition écologique, outils d’orientation, conseils candidature, témoignages de transitionneurs, offres d’emploi, etc.
Peux-tu nous partager 3 conseils / 3 actions à mettre en place de suite pour créer de l’impact positif ?
- Trouver sa propre façon d’avoir de l’impact : on a tous des talents différents, nous sommes des êtres uniques, cette diversité est une richesse pour enclencher un changement global
- Incarner autant que possible ses valeurs : être cohérent.e entre ses actes et les valeurs que l’on défend, ce n’est certes pas facile au quotidien mais ça permet de se sentir mieux aligné.e avec soi même
- Trouver le bon équilibre de vie pour soi : s’épuiser en voulant contribuer à quelque chose de positif, c’est tout sauf durable ! </aside>
Quels sont les films, livres, rencontres qui t’ont inspiré dans cette voie là ?
Dans des registres différents, je recommande :
- Livre “Comment faire tomber un dictateur quand on est seul, tout petit et sans armes” de S. Popovic
- Film “Le Monde selon Monsanto”, de Marie-Monique Robin
- Film “Demain”, de Cyril Dion
- Livre “Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité”, d’Aurélien Barrau
- Livre “Le Scénario Zero Waste” par l’équipe de Zero Waste France (je ne suis pas objective, j’ai contribué 😉
Est-ce qu’il y a des entrepreneurs ou entreprises engagées qui t’inspirent ? Que tu jugerait pertinent qu’on interview ?
Oh oui ! A une époque mon métier a été d’animer des réseaux d’entrepreneurs engagés, alors j’ai des pépites à vous partager :
- Déjà : les Licoornes ! Ces 9 coopératives qui proposent une alternative aux multinationales : Enercoop, Railcoop, CoopCicuits, Telecoop, Commown, label Emmaüs…
- Envie : les entreprises d’insertion de l’électroménager reconditionné français
- Loom de la super Julia Faure, qui ose mettre un coup de pied dans la fourmilière du secteur de la fast fashion.
- Carton Plein qui donne une seconde vie aux humains et aux cartons en faisant des déménagements à vélo.
- CycleUp qui favorise le réemploi des matériaux de construction (un énorme chantier sans mauvais jeu de mots) qui permet d’économiser des milliers de tonnes de déchets du BTP et économiser les ressources naturelles.
- Les conserveries artisanales partout en France qui permettent de lutter contre le gaspillage alimentaire (ex. Confitures Rebelle)
- Bout à bout qui permet le retour des emballages consignés à Nantes et autour (et tous les acteurs du Réseau Consigne)
- Les membres du Réseau Compost Citoyen qui permettent le déploiement du compostage dans tout le pays.
- Rejoué pour le réemploi des jeux et jouets et Recyclivre pour les livres de secondes mains
Envie de partager une dernière chose ?
Quel est le point commun des entreprises que je viens de citer ? Elles répondent à des enjeux du quotidien des gens, ce sont des activités “essentielles” qui correspondent à nos besoins réels : s’alimenter sainement, se loger, se déplacer, … Je crois modérément aux start-ups révolutionnaires de la Défense. Je crois aux acteurs dans les territoires qui recrutent tout le temps et partout en France. Ces entreprises là recherchent tous types de profils donc forcément le vôtre.
Quelque soit votre niveau d’études, vos compétences… Elles recrutent des métiers traditionnels (compta, logistique, commercial…), des compétences transverses (gestion de projet, direction de structure…) et parfois des compétences spécifiques (compostage, transformation d’invendus alimentaires, isolation de murs, assainissement de l’eau…). Il ne vous reste plus qu’à rencontrer les éco-entreprises à côté de chez vous pour trouver votre futur employeur 🙂
Vous voulez la retrouvez sur les réseaux ?
Laura Genevois
Présidente de Mon job de Sens, elle accompagne les personnes qui veulent contribuer à un monde meilleur sur leurs heures de travail. Nous aidons chacun à savoir ce qu’il désire dans son projet professionnel et qui lui permettra d’être épanoui et utile.
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